Paul Kletzki (Pawel Klecki) commence la musique avec le violon, qu'il étudie au Conservatoire national de Varsovie, en parallèle de la composition. À 14 ans déjà, il joue en soliste avec l’Orchestre philharmonique de sa ville natale, Lodz: de 1914 à 1919, il fait partie de l'Orchestre philharmonique de cette ville. Il se rend ensuite à Varsovie, où il étudie au Conservatoire National, le violon avec Emil Mlynarski et la composition avec Juliusz Wertheim. À partir de 1921 il poursuit ses études à Berlin, où il fait ses débuts de chef d'orchestre en 1923. Dans son travail de compositeur il est soutenu par Toscanini, puis par Furtwängler, qui lui permettra même de diriger l'Orchestre philharmonique de Berlin en 1925. En 1933 il quitte toutefois Berlin, suite à la politique antisémite croissante des dirigeants nationaux-socialistes allemands: débute pour lui une période d'émigrations successives...
Il se réfugie en Italie, mais en 1936, l’Italie étant devenue fasciste, il part pour l’Union soviétique où il dirige des orchestres à Leningrad, Bakou et Kharkov, capitale de l'Azerbaïdjan. En 1937, il est nommé chef de l'Orchestre philharmonique de Kharkov; mais... "[...] Cette époque impitoyable était celle des purges staliniennes. [...] Les musiciens de l'orchestre, pleins de bonne volonté, se donnaient beaucoup de peine, mais, chaque troisième jour, quelqu'un manquait à son pupitre. J’en fis la remarque au directeur qui me répondit: «Ne me posez plus jamais cette question». J'appris que ces musiciens avaient été envoés ver une destination inconnue! [...]" cité de «Paul Klecki - Réminiscences d'un chef d'orchestre et compositeur», page 10.
En fin d’année 1938, il quitte définitivement la Russie - ne pouvant plus y vivre sans crainte, compte tenu de la politique de grande terreur déclenchée par Staline; il retourne en Italie, enseignant à la Scuola Superiore di Musica de Milan (1935-1938), Toscanini l’invite à travailler à ses côtés à La Scala. Mais ici aussi, l’atmosphère est tendue et fiévreuse... Le régime mussolinien d'obédience fasciste provoque, à nouveau, son départ. Il se fixe alors en Suisse (en 1928, Paul Kletzki avait épousé Hildegard Woodtli - de nationalité suisse), où il enseigne au conservatoire de Lausanne (1944-1945) et est naturalisé suisse en 1947.
Paul KLETZKI, date et photographe inconnus
Paul Kletzki a été très marqué par son destin tragique de devoir fuir devant trois dictatures - Hitler, Mussolini, Staline - et de perdre une grande partie de sa famille dans les camps d'extermination.
Pendant les années d'après-guerre Paul Kletzki mène avant tout une carrière de chef invité, avec ensuite des postes fixes:
- 1952 - 1955, dirige l'Orchestre Philharmonique d'Israel
- 1954 - 1955, «appointed chief conductor» du Royal Liverpool Philharmonic Orchestra
- 1958 - 1961, directeur musical de l'Orchestre Symphonique de Dallas
- 1965 - 1968, chef de l'Orchestre symphonique de Berne
- 1967 - 1970, chef de l'Orchestre de la Suisse Romande (succession d'Ernest Ansermet)
Paul KLETZKI, une photo de Louis Joyeux / INA
Comme compositeur, on lui doit notamment un concerto pour piano, un concerto pour violon, quatre quatuors à cordes, trois symphonies, dont l'émouvante Troisième Symphonie «In Memoriam», achevée en octobre 1939, qui rend hommage aux victimes du nazisme. Voir ce fichier pdf pour une liste de ses oeuvres.
Paul Kletzki a dirigé les premières auditions de nombreuses oeuvres contemporaines, par exemple la symphonie No 5 de Alexandre Tansman (1943), qui lui est dédiée, la Sinfonietta Op. 51 de Raffaele Alessandro (1946), des oeuvres de Darius Milhaud (Symphonie No 11 en 1960) et Pierre Wissmer (Symphonie No 3, 1956, L'Enfant et la rose, 1961, Symphonie No 4, 1964).
Yvonne et Paul KLETZKI
Son légat est administré par la Zentralbibliothek de Zurich.
Paul KLETZKI, date et photographe inconnus
Paul KLETZKI vers 1947, photographe inconnu, publié entre autres dans la revue Radio Actualités du 3 octobre 1947, No 40, page 2184
Paul KLETZKI vers 1948
Paul KLETZKI